Devrait-on préserver la routine habituelle avec nos enfants pendant les vacances ?
La routine est importante parce qu’elle est prévisible donc sécurisante. C’est apaisant de savoir ce qui va se passer et de savoir ce qu’on a à faire. La routine permet aussi de réguler l’énergie grâce aux heures de sommeil régulières, aux moments apaisants avant le coucher pour se préparer au repos…Et tout parent sait à quel point le sommeil est important pour la régulation de l’humeur et des émotions pour nos enfants et encore plus pour nos ados !
Mais pendant l’été, il est normal que la routine soit déstabilisée. C’est d’ailleurs ce qui nous fait sentir en vacances, le fait de sortir du cadre, de changer de rythme, d’écouter nos envies du moment et d’étirer certaines journées en soirées tardives entre amis !
Quels sont les éléments à considérer ?
A-t-on des obligations durant l’été qui nous obligent à nous lever tôt ?
Si mon enfant a une heure de levée régulière (par exemple, il va au camp de jour ou se fait garder chez ses grands-parents et on doit partir très tôt de la maison), il est préférable qu’il ait une heure de coucher régulière pour faciliter les levées et transitions du matin.
Si mon enfant n’a pas d’heure de levée et qu’il peut suivre son cycle naturel de sommeil, c’est moins un enjeu. Par ailleurs, il faut prendre en considération que si mon jeune est habitué de se lever vers 6h30 durant l’année scolaire, même si on se couche plus tard parce que c’est l’été, il est fort probable qu’il se réveille quand même à 6h30, qui est son heure habituelle et qu’il soit plus fatigué donc irritable.
Le niveau de sensibilité de mon enfant est-il élevé ?
Certains enfants sont plus sensibles que d’autres et ont besoin de plus de régularité et de stabilité. Si je me rends compte que quand on déroge de la routine, mon enfant est plus irritable, écoute moins, se désorganise, alors je peux opter pour plus de stabilité et ne déroger qu’occasionnellement.
Mon niveau de sensibilité de parent est-il élevé ?
Certains parents aussi sont plus sensibles au manque de sommeil ou à déroger de leur routine habituelle. Je me dois d’observer : est-ce que je deviens plus impatient, irritable et intransigeant avec mon enfant quand je manque de sommeil ou que notre horaire est chamboulé à cause des soirées entre amis, des sorties spéciales ou des vacances? Si oui, je trouve une façon de maintenir un horaire plus stable ou de me gérer quand on déroge, pour ne pas projeter mon irritabilité sur mon enfant.
On est en camping avec des amis et les adultes veillent autour du feu quand les enfants sont couchés ? Bien qu’il soit tentant de profiter de ce genre de moments, certains parents choisissent de se coucher en même temps que leurs enfants, en sachant que les journées suivantes seront beaucoup plus agréables en étant reposé. Autrement, la fatigue prend le dessus et on n’a plus de patience, donc plus de plaisir. C’est ça être un parent responsable. Il faut faire des choix selon ce qui est le plus important pour nous.
Mon enfant est plus vieux ?
L’adolescent a besoin d’avoir plus de liberté et a souvent un cycle de sommeil très différent, comme se coucher et se lever beaucoup plus tard. Il est tout de même recommandé de maintenir une heure à laquelle on arrête les écrans pour préparer le jeune au repos et maintenir un cadre. On peut aussi le laisser expérimenter davantage en le conscientisant par rapport à l’impact de ses choix. S’il a un emploi d’été et qu’il se couche tard, on peut lui partager nos observations : « J’ai remarqué que tu étais plus irritable dernièrement. Ça doit être épuisant de travailler autant d’heures avec aussi peu de sommeil dans le corps? » On peut mettre notre cadre : « C’est ok que tu gères ton heure de coucher à condition d’être agréable et de ne pas négliger tes tâches. C’est à toi de voir. »
Mais au-delà de la routine, ce qui est important quand l’horaire est plus instable et irrégulier, c’est de sécuriser nos enfants.
Sécuriser signifie diminuer les stress en faisant ressentir à l’enfant qu’il est pris en charge, accompagné et aimé. Quand un enfant est insécure, c’est -à-dire qu’il ne sait pas à quoi s’attendre et manque de repères, on peut voir apparaître plus de rigidité, une plus grande irritabilité, de la désorganisation, plus de crises, du picossage (avec ses frères et sœurs) et une plus grande recherche d’attention.
Quelles sont les clés pour sécuriser notre enfant quand on sort des routines ?
Lui offrir de la prévisibilité, de la connexion et un cadre donc être guide et complice.
Tout d’abord, lui offrir de la prévisibilité:
Les enfants et ados ont besoin de prévision, de savoir ce qui s’en vient pour leur permettre de s’organiser et de bien fonctionner, comme d’avoir des heures de collation et de repas régulières et une routine avant d’aller au lit.
Pour organiser nos journées, on peut choisir des activités et se faire un horaire à haut niveau : ce matin, on cuisine le lunch ensemble, on sort les vélos pour pique-niquer, on va ensuite aux jeux d’eau et on revient souper à la maison. Ainsi, dans les moments plus libres, mon enfant sait ce qui s’en vient et les journées où on a aucun plan, c’est connu d’avance aussi…
Être guide en mettant un cadre: L’enfant et même l’ado a besoin de sentir qu’on prend soin de lui, qu’on prend le lead pour répondre à ses besoins, pour l’encadrer et prendre des décisions. Quand c’est l’enfant qui doit constamment solliciter le parent pour répondre à ses besoins: « j’ai faim, je suis fatigué, qu’est-ce qu’on fait… », il ne se sent pas guidé et il arrive parfois que les rôles s’inversent et que l’enfant devienne autoritaire dans la relation en devenant exigeant, dirigeant, insatiable. Notre enfant a besoin de sentir qu’on lit ses besoins, qu’on prend en charge ses activités et qu’on a le plus grand pourvoir décisionnel tout en lui laissant de la latitude et c’est ça qui lui permet de se déposer dans la relation, et de profiter pleinement de l’activité. L’ado a besoin de plus de latitude dans son cadre mais a tout de même besoin de ce cadre. Par exemple, ça fait 3 soirs d’affilé que notre jeune est chez des amis et ce soir, on lui demande de rester à la maison. Sur le coup, il trouve ça super plate mais finalement, il est bien heureux d’aller manger une crème glacée relax en famille et de se coucher à l’heure habituelle.
Être complice en nourrissant la connexion:
Notre rôle est d’offrir une bonne connexion à notre enfant, une qualité de présence et de la disponibilité. Quand mon enfant est plus réactif, je l’accueille dans son vécu émotionnel en étant empathique. On fait parfois l’erreur de se battre contre ses émotions ce qui l’insécurise: « Arrête de pleurer. Tu déranges ! Tu devrais apprécier toutes les activités qu’on fait …On revient de 3 jours de camping en famille, tu devrais être content au lieu de pleurer parce que tu dois aller au camp de jour! »
En revanche, on peut apaiser nos enfants quand ils sont émotifs ou réactifs en étant empathique: « J’ai l’impression que tu ne te comprends plus. As-tu besoin d’un câlin? » « C’est difficile pour toi d’être assis à côté de ta sœur en auto. Tu aurais besoin de ta bulle en ce moment… » « Tu n’as pas envie d’aller au chalet aujourd’hui… Je comprends que tu sois déçu de rater la journée piscine chez ton amie… ».
En résumé, même si la routine est plus changeante en été, l’important c’est de nourrir le besoin de sécurité de notre enfant. Plus je lui offre de la prévisibilité, de la complicité et de la guidance, plus il fera preuve d’une belle capacité d’adaptation quand les plans changent ou que les soirées s’étirent.
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Pour écouter la chronique de COMMEUNIQUE, L’été de nos enfants,diffusée à l’émission Les matins d’ici estival à Radio-Canada, clique sur le lien ci-dessous :
2 août segment 8h13 : Devrait-on préserver la routine habituelle des enfants pendant les vacances ?
Émilie Vincent
Formatrice et copropriétaire de Les Formations COMMEUNIQUE
